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Moonlight

17 mars 2017
Moonlight

La première fois que j’ai entendu parler de Moonlight, c’était à la suite des Academy Awards auxquels il a remporté l’Oscar du Meilleur Film. Au départ, j’étais tout simplement contente de savoir que La La Land n’avait pas gagné – je n’ai vraiment pas aimé ce film ! – mais j’ai fini par aller voir le film gagnant dans un petit cinéma indépendant à côté de mon travail pour me faire une meilleure idée. Juste après, alors que je quittais la salle sombre du cinéma pour retrouver les belles rues de Paris, je me suis dit que Moonlight méritait bien cet Oscar ! Et, accessoirement, un article complet sur ce blog.

L’histoire

Chiron n’est qu’un petit garçon, mais il porte déjà le poids du monde sur ses épaules. Sa mère n’a pas de temps à lui consacrer et les autres garçons à l’école le tyrannisent, le traitant de « pédé ». Chiron devient un adolescent craintif et isolé, puis un adulte qui cache bien des secrets à tout le monde, y compris à lui-même.

Mon avis sur Moonlight

C’est l’histoire touchante d’un petit garçon qui n’a jamais eu l’occasion d’apprendre à s’aimer tel qu’il est. Après l’école, il se cache dans des endroits peu fréquentables pour éviter de se faire tabasser par ses camarades de classe. De retour à la maison, il doit subir les violences psychologiques de sa mère. Parfois, il s’échappe à la plage pour contempler l’océan, laisser le sable filer entre ses doigts et même apprendre à nager.

Le film joue sur de nombreuses oppositions. Une belle musique douce joue discrètement tandis que Chiron éponge le sang de son visage martelé. La lumière agressive et la crasse de sa salle de bains s’opposent au doux reflet de la lune sur la mer. Et surtout, l’apparence physique imposante du Chiron adulte cache un être toujours aussi sensible et isolé.

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La sexualité et l’identité de Chiron sont des thèmes majeurs du film Moonlight. La question qu’on entend dans la bande annonce hante tant les personnages que le spectateur : « T’es qui, Chiron ? »

Mais il n’a pas l’air de le savoir lui-même. Cela fait beaucoup réfléchir : à quel point est-ce que nos actions nous définissent ?

Mais Moonlight ne parle pas uniquement de sexualité et d’identité. C’est aussi un film sur la reproduction sociale. Le personnage principal a bien des noms – Chiron, Little, Black – qui correspondent à des phases différentes de son existence. J’ai eu l’impression que le « Black » adulte pensait avoir pris le contrôle sur sa vie, mais qu’en réalité son destin était tout tracé. Comment pouvait-il devenir un homme droit et honnête alors qu’il avait été entouré d’addicts et de dealers toute son enfance ? Chiron le dit lui-même : il doit s’endurcir ou se faire écraser pour le restant de ses jours.

Mais Kevin, un ami de Chiron, lui rappelle qu’il existe d’autres choix possibles. Faire ce que les autres nous disent de faire ne rendra jamais heureux, et dans son cas, cela peut même avoir des conséquences très graves. Mais une fois qu’on accepte qu’on est responsable de ses actes, on peut atteindre le bonheur malgré un passé et un présent difficiles.

Le film nous montre également comment le temps peut guérir certaines blessures et en créer d’autres. Les choses s’améliorent et s’empirent pour Chiron au fur et à mesure de l’histoire. Il se rend compte qu’une même personne peut l’aimer et le trahir. Il comprend de travers le message que lui transmet Juan, sa figure paternelle : « At some point, you’ve gotta decide for yourself who you’re gonna be ». (« Il vient un moment où c’est à toi de décider qui tu veux être ») Chiron grandit, change sa façon de marcher et de parler et prend des décisions qui attristent et déçoivent le spectateur qui comprend pourtant très bien pourquoi il va dans cette direction.

Les proches de Chiron regrettent profondément de l’avoir laissé se transformer en homme dur et corrompu. Ils s’excusent enfin, des années après avoir commis leurs crimes. Et on voit que ce n’est jamais trop tard pour demander le pardon. La douce innocence de Chiron se voit dans ses larmes, et c’est vraiment beau à voir. En pardonnant ses agresseurs, il leur offre et s’offre le plus beau des cadeaux. Son amour pour eux a beau être compliqué, il reste inconditionnel.

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Les belles images de Moonlight suggèrent bien des choses qui ne sont jamais explicitées par le dialogue. Je ne me suis jamais ennuyée malgré de nombreux longs silences et de questions sans réponse. La lumière tient aussi une place essentielle : elle est parfois douce, parfois agressive, mais elle nous montre toujours quelque chose d’important. Il y a beaucoup de zooms sur des détails clés, surtout les mains et les bras des personnages : des larmes essuyées du bout des doigts, une poignée de main pleine de sens, des mains qui tremblent en essayant d’allumer une cigarette, des coups de poings rapides, et un doigt qui bouge imperceptiblement pour indiquer qu’un corps inanimé est encore en vie.

Selon moi, le tour de force de Moonlight, c’est d’avoir su s’attaquer à autant de sujets difficiles sans avoir recours aux clichés. Les personnages sont complexes et changeants et se situent à des années-lumière des idées simplistes que l’on peut avoir des dealers, drogués ou prostituées. La tension ambiante dans leurs vies est palpable, et m’a fait réfléchir sur les inégalités sociales énormes qui existent dès la naissance.

J’aurais voulu que tout le monde voie Moonlight afin que je puisse en parler en détails dans cet article sans gâcher les choses pour les autres ! J’espère vivement que l’Oscar du Meilleur Film incitera d’autres personnes à aller le voir comme moi. Si vous avez vu le film, dites-moi ce que vous en avez pensé dans les commentaires !

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